Eris Drew, Quivering in Time (T4T LUV NRG, 2021)
J’ai dû vérifier, fouiller à travers l’internet pour en être certain, mais les neufs chansons du premier album d’Eris Drew, Quivering in Time, sont bien des pures compositions. Il n’y a dedans ni sample emprunté à d’obscurs titres de la house music, ni boucles placées là en clin d’œil, l’Américaine a tout composé elle-même pendant les confinements à répétition de 2020 et 2021. Et pourtant, tout cet album sonne comme un classique néo-house, à tel point qu’on a l’impression de connaître déjà tous ses recoins, de pouvoir chantonner tous ses hymnes.
Eris Drew a grandi à Chicago dans les années 1980, ce qui aide à plonger dans la house music, cette continuation électronique du disco, de la soul, du funk et des chansons spirituelles des années 1970 qui s’inventait alors autour de personnalités comme Frankie Knuckles ou Jesse Saunders. Eris Drew n’est arrivée à cette musique que plus tard, au sein de la deuxième ou troisième génération qui se rassemblait dans de vastes hangars perdus dans les banlieues des États-Unis ou d’Europe pour gober de l’ecstasy et danser toute la nuit dans une musique qui invitait à se perdre. C’est la génération rave dont la productrice revendique encore aujourd’hui l’esprit partageur et capable d’effacer toutes les différences
DJ amateur depuis ses 18 ans puis DJ recherchée, Eris Drew a appelé cette plénitude sonore le « Motherbeat », une philosophie qui mêle féminisme et recherche sonore pour revendiquer le plaisir de danser ensemble sur une même fréquence nourrie par l’art du DJing. C’est aussi tout le projet de Quivering in Time, un disque longtemps mûri et vite exécuté lorsque, comme tout le monde, Eris Drew s’est retrouvée enfermée chez elle en pleine pandémie. Avec sa compagne Maya Bouldry-Morrison, alias la musicienne Octo Octa, elle venait alors de quitter la grande ville de Chicago pour une maison dans les bois du New Hampshire, sur la côte est.