ABBA, Voyage (Polar, 2021)
Le monde n’a pas attendu le retour d’ABBA, quarante ans après son dernier enregistrement, pour se rouler dans le business de la nostalgie, mais le quartet suédois manquait encore à l’affiche. C’est chose réparée avec Voyage, un nouvel album qui est aussi et surtout un spectacle à venir à Londres, programmé pour être joué jusqu’à plus soif et peut-être même après l’extinction du dernier humain sur Terre dans un remake de la scène finale de La Planète des singes.
Benny Andersson et Björn Ulvaeus, compositeurs et auteurs des tubes post-disco meringués du groupe depuis ses fastes années 1970, se sont donc laissés convaincre de monter un show où les quatre ABBA seraient transformés en avatars, dans la lignée très à la mode des shows à base d’hologrammes qui ont déjà foutu la honte aux carrières de 2Pac, Maria Callas ou Michael Jackson parce que nous sommes collectivement incapables de laisser les morts où ils sont. Andersson et Ulvaeus ont pour cela écrit deux nouvelles chansons avant de rappeler au micro Agnetha Fältskog et Anni-Frid « Frida » Lyngstad, disparues de la musique depuis quatre décennies, avant que les quatre seniors ne glissent vers l’idée de faire carrément un nouvel album. C’est Voyage et c’est une aventure sonore qui se situe quelque part entre un album de Noël, la bande-son d’un documentaire sur les rivières suédoises et la musique de la file d’attente d’une attraction à Disneyland.