Anna von Hausswolff, Ceremony (City Slang, 2013)
Je me souviens d’avoir vu la jeune Suédoise Anna von Hausswolff, 35 ans aujourd’hui, en 2013 à Oslo, dans le cadre du festival de découvertes by:Larm. Celle dont deux concerts, prévus dans des églises de Nantes et Paris, viennent d’être annulés sous la pression de catholiques intégristes, jouait alors son deuxième album Ceremony au piano électrique et je m’étais dit qu’elle devrait muscler son jeu, amplifier les aspects les plus gothiques et metal de sa musique. Que ça lui allait bien, après les chansons encore folk et adolescentes de son premier album Singing from the Grave. Elle chantait déjà bien dans ce disque et sa présence était déjà prometteuse, mais Anna von Hausswolff n’avait pas encore accepté de violenter sa voix sur le modèle de son idole américaine Diamanda Galás, chanteuse du désespoir et muse du rock sombre depuis les années 1980. Surtout, ce premier disque était un peu passe-partout musicalement. Huit ans plus tard, c’est un gag désolant qu’un groupe de quelques dizaines de fanatiques se soient mobilisées contre elle, la paisible et introvertie, dans un acte extrémiste complètement effarant et dans le silence des autorités, au nom du « satanisme » qu’Anna von Hausswolff prônerait selon eux dans une de ses premières chansons. En l’occurrence Pills, qui parle de l’addiction aux drogues, mais le concept de métaphore échappe facilement à ceux qui ont décidé de ne pas comprendre.
« Je suis une personne assez morbide », résumait tranquillement Anna von Hausswolff dans une interview au magazine musical The Quietus en 2013.