The Edison Male Quartet, Jingle Bells (Edison Records, 1899)
La chanson de Noël la plus connue des mondes anglophone et francophone réunis n’est pas une chanson de Noël. Voilà une révélation des Jours qui va faire trembler les sapins, à défaut de faire trembler la République. Abandonnez donc vos certitudes, car oui, l’imputrescible Vive le vent, traduction française très éloignée de son original américain Jingle Bells, a des origines qui dépassent largement la fête de Noël et les guirlandes qui clignotent.
Il a d’abord fallu du temps pour que la chanson devienne un classique des fins d’année enneigées, à l’époque où il y avait encore de la neige tous les ans. En France, Vive le vent n’apparaît qu’en 1949, avec Lucien Jeunesse, chanteur de charme des salles municipales de l’après-guerre avant de devenir le présentateur du Jeu des mille francs sur France Inter pendant deux cents ans. Ce sont Francis Blanche et Rolf Marbot, pianiste d’origine allemande et futur producteur de Michel Polnareff, qui lui offrent ce qui est une nouvelle chanson construite sur la mélodie de Jingle Bells. Il est d’emblée question de neige, de sapins, d’une balade revigorante dans le froid de l’hiver et bonne année grand-mère. On sent la bise dans cette chanson taillée pour ces jours où il fait bon rester au chaud à la maison en famille.
Vive le vent est tout de suite un énorme carton, encore décuplé quand Monsieur Noël en personne, Tino Rossi, la reprend en 1974 dans un disque nommé C’est la belle nuit de Noël… et complètement créé comme la bande-son des réveillons de la France de Valéry Giscard d’Estaing.