NTM, Plus jamais ça, sur l’album « Paris sous les bombes » (Epic, 1995)
Ça ne fait pas semblant, le morceau est le premier de l’album après une intro typique des années CD : en 1995, quand NTM sort Paris sous les bombes, son troisième long format, le duo de la Seine-Saint-Denis y place d’entrée de jeu un titre nommé Plus jamais ça. Une référence évidente à l’expression popularisée après la Seconde Guerre mondiale et la Shoah, que NTM se réapproprie à juste titre pour s’inquiéter de la montée du Front national de Jean-Marie Le Pen, négationniste multicondamné. Le choix est lourd et le moment agité car, pour la première fois, le FN vient alors de remporter trois villes aux municipales
« Cette fois non, plus jamais ça, seulement voilà,
Il semblerait que des cas d’amnésie caractérisée soient relevés
Tendant à prouver qu’avec facilité
Les erreurs du passé peuvent se renouveler
Et faire l’affaire des supporters de la croix de fer
Le bras tendu en l’air, le sigle rebelle en bannière
National est ce front, international est l’affront
Voilà pourquoi je fais front, fronçant les sourcils
Quand le borgne sénile
S’amuse à faire un score de 25 % dans ma ville
Non, plus jamais ça, stoppons tout ça
Stoppons l’hémorragie, cérébrale est l’embolie
Vous avez compris, vous avez saisi, ressaisissez-vous
La jeunesse se doit d’être à l’heure, au rendez-vous »
On est en 1995 et c’est déjà la deuxième vague de chansons opposées au Front national. La première est apparue à la fin des années 1980, quand le FN a percé à la présidentielle de 1988, et elle a donné Tuez-les tous de Ludwig von 88 ou Porcherie de Bérurier noir qui, dans une seconde version, a gagné son refrain devenu un hymne autonome (et autonomiste) souvent cité par d’autres artistes par la suite : « La jeunesse emmerde le Front national. » Mais la vague du milieu des années 1990 est bien plus vaste et raconte la pénétration des idées du parti d’extrême droite en France. C’est simple, tout le monde s’y met alors, avec plus ou moins de réussite mais toujours en attaquant directement le racisme et l’exclusion vendus par Jean-Marie Le Pen. Sans jamais chercher d’explication ou de cause au vote FN. Il est l’ennemi à battre, on ne discute pas.