
Vera Lynn, The White Cliffs of Dover (Decca, 1942)
Bon, c’est pas tout, on a regardé le cercueil de la reine Elizabeth II sortir de Balmoral, le trajet vers Edimbourg accompagné par la foule et Stéphane Bern qui a fait six nuits blanches de suite en ne se nourrissant que d’After Eight, mais il va falloir lui dire au revoir maintenant. On ne va pas y passer trois mois comme en 1695, quand il avait fallu attendre mars pour que se tiennent les funérailles de la reine Mary II, morte le 28 décembre 1694. Cette année, la Grande-Bretagne a une crise sociale explosive à gérer, déclenchée par une non moins urgente catastrophe climatique. Donc pouf, funérailles nationales, sortez les beaux habits et les trompettes, tout ça. C’est pour ce lundi et c’est là que surgit une question qui occupera au moins cinq heures d’antenne sur les chaînes d’info ce week-end : quelles musiques seront jouées à l’occasion du last goodbye de la queen ?
Plein d’hymnes bien intemporels pour commencer, notamment ceux qu’appréciait particulièrement Elizabeth II : The Lord Is My Shepherd et Praise, My Soul, the King of Heaven. On peut aussi miser un petit billet (à l’effigie de Charles III désormais) sur un bon vieux God Save the Queen et sur le surgissement d’Elton John, bon copain de la reine, pour une petite pop song émotive. Mais il ne serait pas étonnant non plus d’entendre, sous une forme ou sous une autre, une chanson qui a marqué la vie d’Elizabeth II comme de tous les Britanniques qui ont connu la Seconde Guerre mondiale : The White Cliffs of Dover. Une chanson qui apparaît d’ailleurs dans la playlist dévoilée en 2016 par la BBC, qui avait alors tenté de savoir ce qui faisait vibrer la reine : Fred Astaire, la musique de la comédie musicale Annie Get Your Gun. Évidemment, personne n’a pu vérifier tout cela, sauf pour The White Cliffs of Dover, chanté dans sa version la plus connue outre-Manche, par « Dame » Vera Lynn en 1942.

Morte à 103 ans en 2020, en plein Covid, Vera Lynn est une figure peu connue en France mais absolument centrale dans la culture populaire britannique du milieu du XXe siècle, pour cette chanson mais aussi pour un autre hymne tire-larmes, We’ll Meet Again en 1939 (et, dans une moindre mesure, pour It Hurts to Say Goodbye, qui est devenu en France… Comment te dire adieu, de Françoise Hardy et Serge Gainsbourg). Ces chansons de Vera Lynn ont une place si marquée dans la psyché britannique que la reine Elizabeth II avait glissé un clin d’œil direct à