Shervin Hajipour, Baraya (autoproduit, 2022)
La technologie ne sauvera pas la révolte iranienne déclenchée par la mort de Mahsa Amini le 16 septembre, on le sait bien. Le régime islamique devenu pouvoir militaire utilisera toutes les censures techniques à sa disposition pour bloquer internet et les réseaux sociaux où s’organise la mobilisation qui ne faiblit pas dans la rue. Mais s’il y a un domaine où les tuyaux sont encore ouverts on ne sait trop comment, c’est la musique en ligne. Car, depuis le début de ce mouvement déjà historique, qui prolonge les soulèvements répétés de 2009 et 2019, la musique joue son rôle éternel de motivatrice et rassembleuse, en Iran comme ailleurs. Sauf qu’en Iran la musique n’est pas libre d’exister ou de circuler, elle doit passer par le filtre du Bureau de la musique au sein du Conseil suprême pour la révolution culturelle, créé en 1980. Une montagne bureaucratique qui valide les textes, les aspirations musicales, le droit de se produire en public, voire le tempo d’une musique.
C’est ce qui a rendu une série de chansons encore plus puissantes ces dernières semaines, qui ont échappé à cette mécanique de censure en utilisant les moyens modernes de distribution de la musique : accéder directement aux plateformes internationales que sont Spotify ou Youtube via des distributeurs numériques quasi gratuits : Tunecore, CB Baby, Distrokid, Soundrope… Il y en a des dizaines, des gros et des petits, qui permettent de rendre une chanson disponible dans le monde entier contre quelques dollars et en quelques jours à peine.