Rachid Taha, Je suis africain (Naïve, 2019)
Tout a été dit et écrit il y a un an lorsque Rachid Taha est mort. Sa vie bigger than life jour et nuit, ses amitiés éparpillées à travers le monde et les musiques avec une ouverture d’esprit sans pareille, son grand talent de musicien populaire parfois noyé par le je-m’en-foutisme, l’alcool ou les deux. Quand Rachid Taha était vraiment là, en studio ou sur scène, il comptait parmi les très grands.
Il manquait encore un petit bout de cette histoire que voici : son dernier album achevé juste avant de disparaître, que son label a retenu un an, le temps de laisser les peines s’étouffer un peu. Je suis africain est donc tout sauf un disque bricolé par des proches après le décès d’un artiste, façon Jimi Hendrix, Elvis ou Johnny Hallyday. Rachid Taha ne savait pas qu’une crise cardiaque l’emporterait une nuit de 2018, il travaillait pour l’avenir. Ce onzième album solo, inséré dans une discographie bien plus vaste, est d’ailleurs un disque plein d’envies et de lumière.
Une fois oublié le premier single qui donne son nom au disque, une chanson fainéante qu’on croirait écrite par Amadou et Mariam, Je suis africain fait du Taha sauce acoustique et enlevée. Les années rock sont loin, les beats électroniques aussi ; les chansons reviennent à la guitare sèche, au violon, à la mandoline, au tambourin voire au ney sur Like a Dervish.