Lucie Antunes, Carnaval (CryBaby/Infiné, 2023)
Ce n’est pas un album, c’est un pas de géante. On avait laissé la Perpignanaise Lucie Antunes, la trentaine en quête de sérénité, en percussionniste de l’extrême cherchant une forme de pop instrumentale dans son premier album Sergeï en 2019. On la retrouve aujourd’hui avec Carnaval, une procession rythmique impériale où elle trouve enfin totalement sa voie (autant que ses voix). Un album de studio mûrement pensé qui va se transformer en live furieux que l’on entrevoyait déjà la semaine dernière, au Centquatre de Paris, où elle lançait une machine qui ne demande plus qu’à laisser chauffer la vapeur. Comme à la maison dans ce lieu où elle a fabriqué Carnaval pendant plusieurs mois de résidence, entourée d’un groupe capable de lui répondre sur le difficile équilibre entre maîtrise technique et libération émotionnelle, Lucie Antunes a montré qu’elle était à l’heure de son propre dépassement. Le moment qu’elle a cherché toutes ces dernières années.
Née à Perpignan, flûtiste pendant sa petie enfance puis percussionniste, grandie à Marseille puis montée à Paris pour faire tous les conservatoires que sait empiler l’hyperstructure culturelle à la française, Lucie Antunes était programmée pour être une machine d’orchestre.