Jaimie Branch, Fly or Die II : Bird Dogs of Paradise (International Anthem, 2019)
Il y a un an encore, l’Américaine Jaimie Branch, 36 ans, servait des boissons et vendait des sandwichs dans un café de New York. La trompette était un passe-temps passionnel, une occupation du soir pour cette native de Chicago venue au bord de l’Hudson pour y trouver des musiciens à l’écoute. Mais le groupe rassemblé autour d’elle au fil des années s’était déjà fait remarquer dans le circuit des rades où l’on joue tard et dur. Sa trompette notamment, aussi virtuose que rugueuse, tout sauf paisible, faisait merveille au milieu de son quartet Fly or Die. On croyait voir rejoué le New York des années 1980, quand le jazz le plus libre a rencontré les cendres du punk pour créer une musique nouvelle, non pas fusion mais addition de la rigueur musicale et d’une attitude rentre-dedans qui permettait toutes les libertés.
Peu à peu, les dates de concert et les tournées à travers le monde se multipliant, Jaimie Branch a pu rendre son tablier pour se concentrer sur la trompette et sa musique. Le deuxième album de son quartet, Fly or Die II : Bird Dogs of Paradise, est le résultat de ce processus d’émancipation : le disque a été largement composé au fil des concerts, testé lors des rappels, transformé et malaxé de ville en ville puis enregistré à Londres avant de reprendre l’avion pour New York.
Fly or Die II dépasse largement les limites du jazz ; ou plutôt, il fait du jazz sans jamais s’embêter avec ses codes.