Issam Hajali, Mouasalat Ila Jacad El Ard (1977, première édition Habibi Funk 2019)
Liban, 1976. Issam Hajali est un jeune musicien en vue de la scène rock de Beyrouth. Il chante à l’américaine, écoute Bob Dylan et Joni Mitchell. Mais il sait que sa carrière n’ira pas très loin dans son pays qui sombre dans la guerre civile et bientôt dans une guerre régionale. Hajali fait alors le choix de partir avec sa femme ; pour Chypre, puis pour Paris. Là, il n’est plus rien. Il vit de petits boulots d’ouvrier et habite là où la France veut bien laisser vivre les réfugiés de l’époque.
Issam Hajali tourne en rond et il a des chansons dans la tête. Dylan et les Rolling Stones sont oubliés, il veut chanter le Liban et la Méditerranée. Chanter son pays dont il est loin, comme l’ont fait tant d’exilés avant lui. Il finit par rassembler un groupe fait de musiciens croisés à travers Paris mais dont il a aujourd’hui oublié les noms. Un Algérien, un Iranien, un compatriote libanais. Il réserve une seule journée de studio au printemps 1977, il ne peut pas se payer plus. Et encore, le groupe improvisé n’aura que le temps de poser sept chansons sur bandes. La musique d’un côté, la voix de l’autre avec une piste de santour (une forme de piano sans touches, proche du cymbalum d’Europe de l’Est, où l’on frappe avec des maillets des cordes tendues sur un support horizontal) qui vient adoucir des chansons déjà très tendres.
Le disque s’appelle finalement Mouasalat Ila Jacad El Ard, que Hajali traduit aujourd’hui par « voyage vers un autre monde », mais aussi « vers chez lui ».