
Bill Fay, Countless Branches (Dead Oceans, 2020)
Bill Fay ne le savait pas, mais pendant des années, quelques personnes se sont occupées de sa musique et lui ont permis de renaître. Jusqu’à revenir en studio et publier aujourd’hui un nouveau classique inespéré, le dépouillé et poignant Countless Branches, cinquante ans après ses débuts.
Fay, 76 ans aujourd’hui, était un songwriter assez en vogue en 1970 pour signer sur Deram, un label anglais qui était aussi celui de Cat Stevens, et sortir coup sur coup deux disques remarquables qui furent pourtant comme effacés faute de succès commercial. Pourtant, les chansons de son premier album éponyme, et surtout du plus sombre Time of the Last Persecution, étaient belles et fortes, pleines de poésies chargées des maux de l’époque
Peu à peu, ses deux albums négligés ont toutefois commencé à remonter à la surface et à s’échanger dans l’underground musical, à devenir des graals pour ceux qui n’avaient pas assez de Bob Dylan et Neil Young. Jusqu’à tomber dans les mains de Jim O’Rourke puis David Tibet, musiciens cruciaux et fouineurs insatiables, qui n’ont eu de cesse de convertir à la légende mystique de Bill Fay des cercles de plus en plus vastes, encore élargis après le réédition dans un même CD des deux albums sur le label de Tibet, en 1998. Ensuite, c’est Jeff Tweedy, chanteur et compositeur du groupe pop-rock américain Wilco, qui a attrapé la musique de Bill Fay au vol

Heureusement pour nous, ce regain d’intérêt autour de sa musique est parvenu aux oreilles de Bill Fay, qui s’est laissé convaincre par un jeune producteur, Joshua Henry, très attaché à ses premiers albums parce qu’ils étaient ceux qui le reliaient à son père décédé.