
Meridian Brothers, Cumbia siglo XXI (Bongo Joe, 2020)
L’air de rien, Meridian Brothers est l’un des grands groupes de notre époque. Et ça fait plus de vingt ans que ça dure, que chaque disque est une redécouverte aventureuse et un rien fondue. Comme d’habitude, Cumbia Siglo XXI, huitième album officiel d’une discographie riche en recoins, est donc un disque inventif, dansant, intelligent, vraiment stimulant. Peut-être aussi un peu plus difficile d’accès que ses prédécesseurs directs, ce qui le rend plus profond et attachant encore.
Il n’y a pas de frères chez les Meridian Brothers, qui est le projet d’un seul homme en studio, Eblis Álvarez, et ne devient un groupe que sur scène. Acteur frénétique de l’underground de Bogotá, la capitale de la Colombie, depuis la fin des années 1990, Eblis Álvarez a participé à un nombre incalculable de groupes dans son pays, parmi lesquels Los Pirañas, Frente Cumbiero, le projet metal Chúpame El Dedo ou plus récemment le grand disque « colombien » de l’Espagnol Niño de Elche. Mais le cœur de sa musique, c’est Meridian Brothers, qui lui permet de mener toutes les expérimentations sonores imaginables autour de sa sphère musicale de prédilection : la cumbia, cette rythmique chaude qui traverse l’Amérique du Sud sous différentes formes depuis trois siècles, mais aussi les musiques de la côte pacifique colombienne, le psychédélisme tropical, la salsa, voire le highlife ouest-africain (lire l’épisode 32, « Alogte Oho pirate les Caraïbes ») et la pop éthiopienne. Personne ne pourra accuser Eblis Álvarez de ne pas vivre les oreilles grandes ouvertes, d’autant qu’il le fait avec un côté moqueur et joueur qui rend sa musique tout de suite attirante.

Cumbia Siglo XXI ne déroge pas à la règle en donnant sans cesse envie de danser et de sourire, en particulier à l’écoute de sa reprise très personnelle de Son of a Preacher Man, tube interstellaire de Dusty Springfield sorti en 1969, qui devient chez Eblis Álvarez la Cumbia del Pichamán