João Gilberto, João Gilberto (Polydor, 1973)
Le Brésilien João Gilberto est mort samedi dernier à l’âge de 88 ans. L’info est sortie du néant qu’était devenue la vie du guitariste et chanteur le plus marquant de la bossa-nova, dont il fut le co-inventeur. Vocaliste doté d’une sensibilité et d’un sens du rythme incroyable, Gilberto s’est peu à peu replié entre les murs de sa villa du quartier chic de Leblon, à Rio, où il jouait de la guitare compulsivement en n’ouvrant pas aux huissiers qui lui couraient après. Mais ce n’était pas sa première disparition. En 1964, déjà, le coup d’État militaire brésilien l’avait poussé, avec la plupart des musiciens de l’avant-garde de l’époque, à disparaître de la vue de ses fans.
Parti aux États-Unis, João Gilberto y a enregistré un disque marquant avec le saxophoniste Stan Getz, emporté par la version en anglais de La Garota de Ipanema chantée par sa femme Astrud. C’est un enregistrement historique, mais il a aussi masqué le plus beau et le plus atypique des disques de João Gilberto, son « album blanc » à lui, simplement nommé João Gilberto et publié en 1973.
Comme à son habitude, le guitariste y a choisi des chansons déjà connues dans le corpus bossa, à l’image du Águas de Março de Tom Jobim qui ouvre le disque. On y croise aussi les auteurs auxquels le guitariste était si lié : Caetano Veloso (Avarandado) et Gilberto Gil (Eu Vim da Bahia), en plus d’une vieille samba d’Ary Barroso (Na Baixa do Sapateiro).