Lindé est un disque qui fait beaucoup d’efforts pour ne pas être triste, alors qu’on ne lui en aurait vraiment pas tenu rigueur. C’est le quatrième album du guitariste et chanteur malien Afel Bocoum et le plus chargé en histoires dures derrière sa façade sautillante qui mêle blues du désert, cuivres apaisés et un chœur féminin qui vient régulièrement répondre à la voix toujours jeune de Bocoum, 65 ans aujourd’hui.
Afel Bocoum est né à Niafunké, une ville située sur le fleuve Niger, au sud de Tombouctou et à la jonction des deux Mali – celui peuplé et vert du Sud, celui désertique et nomade du Nord. Pour tous les amateurs de musique ouest-africaine, cette commune est surtout connue pour être celle du grand Ali Farka Touré (1939-2006), qui en fut un temps le maire et y a vécu toute sa vie quand il ne tournait pas pour promouvoir sa musique unique. Un blues très moderne qui mêlait le son du Mississippi américain à des techniques de jeu et de chant plus proches géographiquement, notamment venues des cultures peul et tamachek qui habitent la bande sahélienne. Afel Bocoum a suivi toute cette carrière très influente, en tant que neveu d’Ali Farka Touré puis en tant que membre de son groupe et collaborateur pendant des décennies. Il est ainsi devenu l’héritier logique, le seul à pouvoir prendre la suite même si son caractère moins conquérant en a surtout fait, jusqu’à aujourd’hui, un talentueux discret.
Afel Bocoum en concert au Africa Express Festival à Glasgow, en 2012
— Photo Duncan Bryceland/Rex/Sipa.
En solo, Afel Bocoum n’a sorti que quatre albums depuis 1999 mais il a participé à beaucoup de disques (avec Vieux Farka Touré, fils de, ou Habib Koité) et de projets, à commencer par ceux de l’Anglais Damon Albarn, qui coproduit Lindé.