
Afel Bocoum, Lindé (World Circuit, 2020)
Lindé est un disque qui fait beaucoup d’efforts pour ne pas être triste, alors qu’on ne lui en aurait vraiment pas tenu rigueur. C’est le quatrième album du guitariste et chanteur malien Afel Bocoum et le plus chargé en histoires dures derrière sa façade sautillante qui mêle blues du désert, cuivres apaisés et un chœur féminin qui vient régulièrement répondre à la voix toujours jeune de Bocoum, 65 ans aujourd’hui.
Afel Bocoum est né à Niafunké, une ville située sur le fleuve Niger, au sud de Tombouctou et à la jonction des deux Mali

En solo, Afel Bocoum n’a sorti que quatre albums depuis 1999 mais il a participé à beaucoup de disques (avec Vieux Farka Touré, fils de, ou Habib Koité) et de projets, à commencer par ceux de l’Anglais Damon Albarn, qui coproduit Lindé. Sorti en 2002, le très beau disque Mali Music était ainsi avant tout un disque d’Afel Bocoum, Albarn se promenant autour de son talent avec un enregistreur pour ajouter sa fragile patte pop aux chansons. De même, la tournée et les enregistrements d’Africa Express, un all-star band réuni par Damon Albarn ces dernières années, doivent beaucoup à la guitare posée d’Afel Bocoum.
Au milieu de tout ce travail pour les autres, Afel Bocoum s’est peu occupé de sa propre musique et Lindé tombe donc à pic pour nous la remettre dans les oreilles. On ne dira pas qu’il y a chez lui un caractère unique, sauf peut-être dans l’utilisation intensive qu’il fait de la njarka, un violon à une corde fabriqué avec une calebasse.