
Shabason, Krgovich & Harris, Philadelphia (Idée Fixe Records, 2020)
Fermez les yeux et essayez de décrire les meubles et les objets qui vous entourent au quotidien. De vous souvenir de tel coquillage ramassé sur une plage si importante ce jour-là, mais dont vous avez oublié le nom
C’est déjà l’un des très beaux disques de cette fin d’année 2020, un album d’ambient chanté doucement jazzy, minimaliste, calme comme un lac d’automne et pourtant très riche si l’on prend le temps de le regarder. On avait laissé Nicolas Krgovich avec Ouch en 2018, un disque de rupture aigri comme il faut mais qui n’atteignait jamais pleinement le touchant. Philadelphia est tout autre
« Been inside all the day,
Deep cleaning room to room,
The new year’s soon.
Moving furniture,
Wiping baseboards,
The radio on,
And seeing things,
That have been hid,
And considering them. »

Nicolas Krgovich revendique directement l’influence de la poésie et du minimalisme japonais dans le processus qui a mené l’écriture de ses paroles très pâles. D’un côté les kōan, des phrases courtes qui sont autant des paradoxes que des surgissements de savoir, utilisées dans plusieurs philosophies zen à travers l’Asie. De l’autre, un travail autour de la musique ambient et environnementale japonaise, notamment rassemblée récemment par une précieuse compilation, Kankyo Ongaku, sortie en 2019.