Barbara Carlotti, Corse, île d’amour (Elektra, 2020)
Pour tout vous dire, j’avais moyennement envie d’écouter un disque appelé Corse, île d’amour, avec une pochette façon Petit Futé montrant Barbara Carlotti en balade estivale dans un quelconque village de l’île de beauté, un grand sourire aux lèvres. Ça sentait un peu trop la mauvaise idée de directeur artistique poussée jusqu’au bout
Cet album, celle qui se partage depuis longtemps entre la région parisienne où elle est née, où elle a grandi et où elle travaille, et la maison familiale de Poggio-di-Venaco, dans les montagnes du nord de la Corse, l’a comme retenu trop longtemps. La Corse fait partie d’elle par héritage familial et par gambadage dans les champs et les forêts de l’île. Partout, elle emmène avec elle ces lumières et ces sons de l’enfance qui marquent définitivement une personnalité, auxquels il faut ajouter les cassettes écoutées en boucle par la famille dans la maison de sa grand-mère : Canta U Populu Corsu, Tony Toga, Antoine Ciosi… Des polyphonies éternelles et beaucoup de variété corse des sixties, du yéyé baigné par la Méditerranée, avec la pop italienne bien plus que Sylvie Vartan comme grande sœur. Mais tout cela restait jusqu’ici du domaine du personnel et affleurait très timidement dans les chansons de Barbara Carlotti. À peine chantait-elle Ô Corse, île d’amour, bluette de 1934 chantée par un autre Corse, Tino Rossi, lors de la tournée de son album Magnétique en 2018… C’est là que l’idée d’un disque entier consacré aux chansons corses est née au sein de son label Elektra (Warner Music), qui a fini par la convaincre d’enregistrer ces airs surannés d’enfance.
Mais Corse île d’amour n’est jamais pas un disque poussiéreux ou passéiste.