Kylie Minogue, Disco (Darenote/BMG)
La caméra passe entre les maisons d’une banlieue australienne bien rangée. Il n’y a personne dans la rue, à peine une voiture qui passe au loin, un chat qui traverse devant nous en prenant tout son temps. Le silence et l’ennui sont palpables. Il fait beau, un peu moite. Le pays est confiné depuis un mois et demi. D’un coup, la caméra s’élève, tournoie entre deux grands arbres puis plonge vers une maison blanche et rentre par une fenêtre restée ouverte. Il y a une adolescente allongée sur son lit, les yeux ouverts dans le vague. « Viens m’aider à faire le ménage », hurle son père au loin. Après un grand soupir, elle ferme alors les yeux et se retrouve projetée dans une maison idéale, lumineuse et gigantesque, et elle danse comme elle n’a jamais dansé, un aspirateur à la main au son du nouvel album de Kylie Minogue, Disco.
On imagine déjà parfaitement le clip qui accompagnera le nouvel album de la chanteuse australienne, tant Disco est une version idéalisée, plastifiée, « Disneyfiée » de cette musique qui fut dans les années 1970 une libération humaine et artistique pour l’underground des gays, des Afro-Américains et des femmes avant de devenir la caricature d’elle-même et le véhicule du machisme cool à la fin de la même décennie. C’est le quinzième album de Kylie Minogue, que l’on ne qualifiera pas de diva parce qu’elle a fait de sa carrière, débutée à 19 ans avec un tube magistral,