
Canalón de Timbiquí, De Mar y Río remixes vol. 1 (Llorona Records, 2019)
Il est très appréciable de voir surgir de toutes parts aujourd’hui des projets musicaux qui ne cherchent pas à s’enfermer dans une boîte, quand bien même elle serait faite pour eux. Nouvel exemple resplendissant avec le groupe colombien Canalón de Timbiquí, qui revient cet été avec une première collection de remix électroniques de chansons tirées de leur beau quatrième album sorti au printemps, De Mar y Río.
Canalón de Timbiquí est un collectif formé autour de cinq chanteuses qui se sont rencontrées au lycée dans leur ville de Timbiquí, cité colombienne de pêcheurs située en bordure de fleuve, non loin de la côte sud du Pacifique. Là, leur professeur de musique leur a confié un vaste corpus de chansons du quotidien que sa grand-mère chantait en lavant des vêtements dans la rivière proche ou en vaquant aux diverses tâches de la maison. C’est la voix de Nidia Góngora qui assure le socle de leurs interprétations en questions-réponses, posées sur une instrumentation elle aussi pratiquée depuis des décennies et fondée sur la percussion douce du marimba.

C’est l’une des sonorités des vastes musiques afro-colombiennes. Ailleurs, c’est la champeta et ses modernisation électrifiées infinies… Canalón de Timbiquí reste pour sa part dans une interprétation acoustique de chansons qui parlent de tempêtes comme de l’attente des femmes restées au village, pour faire passer ce patrimoine sans pour autant le figer. Car les enregistrements sont modernes et le marimba minimaliste qui mouline à l’infini dans le fond de toutes les chansons ne demande qu’a croiser la pulsation rigoureuse des musiques électroniques. Une démarche très cohérente quand on sait que Nidia Góngora a participé ces dernières années à de multiples projets qui emmenaient des sonorités traditionnelles vers un ailleurs actuel : un album sous son nom avec l’aventurier britannique Quantic en 2017 ou un autre plus récent avec les Français de The Bongo Hop.