Brian Eno, Apollo: Atmospheres and Soundtracks (Virgin Records, 1983-2019)
En 1979, Al Reinert, un journaliste texan fasciné par la conquête de l’espace, a découvert que la Nasa possédait 80 heures de séquences tournées pour documenter toutes les étapes des missions Apollo, qui durèrent de 1961 à 1972, sans jamais les avoir montrées. Lui a tout regardé
Ce documentaire, aujourd’hui indisponible dans cette première version, laissait parler les images incroyables de l’espace, à peine perturbées par des commentaires captés lors du tournage. Mais il lui manquait quelque chose et Reinert a proposé à Brian Eno, déjà connu pour son exploration de la musique ambient, planante et diffuse, d’habiller cette lente balade spatiale. C’est Apollo: Atmospheres and Soundtracks, finalement sorti en 1983 et tout juste réédité pour les 50 ans du premier pas sur la Lune, avec en bonus onze nouveaux enregistrements qui le prolongent. C’est à la fois le disque le plus accessible de la série des albums ambient de Brian Eno et un chef-d’œuvre profond à redécouvrir aujourd’hui.
Pour Apollo, disque aérien par excellence, « plein de vide », comme il le dit dans un récent minidocumentaire en ligne, le Britannique a commencé par convier deux musiciens capables d’ancrer sa musique au sol, de ne pas oublier que ce sont des humains qui habitaient les engins lancés dans l’espace : son frère Roger, pianiste et psychomusicologue, et le canadien Daniel Lanois, homme de son et remarquable joueur de guitare lap steel.