Arno et Sofiane Pamart, Vivre (Pias, 2021)
Un jour de 2004, lors d’une interview que je réalisais pour la sortie de son album French Bazaar, Arno s’est lancé sur son bégaiement dont il ne s’est jamais caché. Ça lui gâche les interviews à la radio ou à la télé depuis ses débuts à la fin des années 1970, mais ça ne l’a jamais préoccupé plus que ça. Par contre, ça le fait rire et, ce jour-là, dans les locaux de son label dans le Marais, à Paris, il avait inventé une improbable « Association des bègues belges » dont il serait le président. « Ça serait vraiment génial, parce que c’est juste pas possible à prononcer quand on est bègue ! », rigolait-il avec cette voix bousillée qui n’est pas que celle de son chant si particulier. Puis l’interview l’a emmerdé et on est allés boire un verre à côté. Tout le monde a comme ça des anecdotes amusantes avec le chanteur belge, qui s’est élevé si doucement parmi les plus grands qu’on a parfois tendance à l’oublier. Alors, disons-le ici une bonne fois au cas où le cancer du pancréas qu’il a annoncé début 2020 ne tournerait pas comme il faut : Arno, 72 ans aujourd’hui, est un petit géant européen de la musique.
Bonne nouvelle, il vient de sortir un disque que l’on n’attendait pas et que l’on peut chérir tranquillement.