Erika de Casier, Sensational (4AD, 2021)
On n’écoute pas seulement un disque, on l’entend. Et entendre le deuxième album d’Erika de Casier fait du bien aux oreilles par ses choix sonores autant que par sa douce pop nourrie de R’nB des années 1990 et 2000. Le son est vaste, doux, ample, on a l’impression d’évoluer dans une grande pièce confortable où l’on ne se cognerait jamais aux murs. C’est un petit choc auditif, tant la production de la musique populaire des vingt dernières années s’est trop souvent enfermée dans deux choix entremêlés : une guerre du volume sonore et une compression poussée à l’extrême, soit la disparition de l’espace entre les sons qui forment un enregistrement. Dans ces évolutions directement liées aux années mp3 et aux radios commerciales qui ont sans cesse joué la surenchère sonore pour nous sauter au visage, on a gagné une puissance rythmique dingue et des basses grondantes, mais on a perdu la notion de paysage qui a fait les heures de la hi-fi des années 1970 et 1980. Cette sensation d’avoir entre les oreilles une peinture fine où l’on peut choisir de se concentrer sur un élément ou un autre sans qu’ils soient tous ficelés ensemble et projetés violemment vers notre cerveau.
Produit par son compatriote danois Natal Zaks, venu de la house music expérimentale où Erika de Casier a aussi fait ses armes, Sensational est un disque en cinémascope. Oh, rien de complètement dingue pour autant, on n’est pas chez Ennio Morricone non plus.