Kings of Convenience, Peace or Love (EMI, 2021)
Onze ans de silence, c’est juste le temps d’enfiler un gros pull marin et de sortir dans le vent de Bergen pour les deux Kings of Convenience, mais c’est beaucoup pour publier enfin un quatrième album en vingt ans, Peace or Love. La carrière du duo norvégien est un éloge de la lenteur et de l’épure depuis ses débuts avec le programmatique Quiet is the New Loud (2001) et ce nouveau disque, avec son titre façon reggae positif et sa pochette de compilation de reprises lounge, vient tenter d’aller encore un peu plus loin dans la disparition, l’effacement dans le crépuscule nordique.
« Notre but ultime, c’est de tirer le plus de textures et le plus de musique de deux guitares et deux voix uniquement, a expliqué récemment Erlend Øye, moitié rousse du duo formé avec le brun Eirik Glambek Bøe. L’idée est de faire le plus avec des moyens très limités. » Pour en arriver là, Kings of Convenience a carrément enregistré Peace or Love cinq fois, retirant au fur et à mesure l’écorce des chansons pour les réduire à des esquisses allégées qui tiennent fragilement sur deux guitares, mais aussi parfois un violoncelle, un piano et même une batterie sur une chanson, Catholic Country. Tout autour, les voix s’associent, dominées par celle d’Erlend Øye qui considère davantage que la musique est son métier quand Eirik Glambek Bøe n’existe que ponctuellement et timidement dans les disques de Kings of Convenience.