Si hache de guerre il y a, elle reste enterrée bien loin de la surface. Au procès du Front national, l’ambiance est à la franche camaraderie entre les prévenus. Personne ne charge personne. Leurs avocats, qui ont obtenu dès le deuxième jour une salle d’audience plus grande pour déployer leurs robes, font équipe. Les échanges demeurent particulièrement courtois. Certes, la présidente a décidé que l’audience devait se poursuivre, contre l’avis de la défense (lire l’épisode 2, « Mascus et chemises ») Mais Rose-Marie Hunault se montre à la fois attentive et ouverte à la discussion alors qu’on entre dans le vif du sujet : les kits de campagne des législatives de 2012, fournis aux candidats par le prestataire Riwal, et leur financement à l’aide de prêts accordés par le microparti Jeanne. « Des prêts fictifs », pour s’enrichir aux frais de l’État, ont conclu les juges d’instruction. Un montage parfaitement régulier, soutiennent ses artisans, qui se sont succédé à la barre ces jeudi et vendredi pour tenir cette position. Wallerand de Saint-Just, Jean-François Jalkh et Frédéric Chatillon parlent d’une seule voix : non seulement ils ont tout fait dans les formes, mais en plus c’était très réussi.
Pour le Front national, les législatives de 2012 viennent clore une période de reprise en main. Après celles de 2007, qui furent mauvaises, le parti connaît de graves difficultés financières. Sa subvention publique a fondu, de 6 millions d’euros à 1,8 million d’euros annuels.