Ne versons pas dans le faux suspense. Au terme du procès du financement du Front national, les avocats de la défense demandent la relaxe complète des dix prévenus, qui seront fixés sur leur sort le 24 avril 2020, c’est-à-dire après les élections municipales. Ces jeudi et vendredi au tribunal de Paris, leurs plaidoiries de qualité variable se sont élevées dans l’enceinte de la 11e chambre correctionnelle pour déconstruire longuement les accusations et marteler quelques idées simples. Dont la plus simple : tout était légal. Le système des kits de campagne obligatoires en 2012 (lire l’épisode 3, « Le FN nu sous son kit »), les prêts accordés par le microparti Jeanne, les intérêts de ces prêts, les prix et les marges pratiqués, les délais de paiement consentis par la boite de com Riwal (lire l’épisode 1, « La justice emmerde le Front national »). « Ce qui n’est pas interdit est autorisé », a résumé David Dassa-Le Deist, l’avocat du FN, estimant en l’occurrence que rien de tout cela n’était interdit.

Ses confrères l’ont répété : l’enquête ne contient « aucune expertise » à même de démontrer le contraire. Aux yeux de la défense, cette absence coupable de chiffrage, d’évaluation objective de ce qu’auraient dû faire les prévenus, illustre « l’imprécision » des poursuites et les « incohérences » de l’enquête, vilipendée depuis le premier jour (lire l’épisode 2, « Au procès du FN, mascus et chemises »). Renaud Van Ruymbeke, le juge d’instruction qui l’a dirigée, a dû entendre ses oreilles de retraité siffler. Un dossier « confus et incohérent », pour Roland Poynard, l’avocat d’Axel Loustau, trésorier de Jeanne. « Un gros paquet-cadeau dans lequel on n’a pas cherché à faire de distinction », pour François Wagner, le défenseur de Jean-François Jalkh, secrétaire général de Jeanne, dégainant aussitôt une locution latine : « fumus persecutionis », c’est-à-dire l’intention de nuire par des poursuites. On y est. Le problème ne vient pas de ce qu’ont fait les prévenus, mais de ce que l’on veut leur faire.
Vous devez nécessairement… je ne dis pas obéir, mais suivre un certain nombre de consignes, car en haut lieu, on a certainement quelques arrières-pensées.
« Ce ne fut pas un procès politique », a pourtant reconnu Alexandre Varaut. Comme les autres, l’avocat de Frédéric Chatillon, patron de Riwal, a salué la qualité des débats menés par la présidente, Rose-Marie Hunault. Ce n’était qu’un préambule pour mieux s’en prendre aux représentants du ministère public (lire l’épisode 8, « Les procureurs contre l’extorsion de Front »). Ce parquet