Deux procureurs. « Il faut ça », comme dirait ma grand-mère devant une quantité roborative de gâteaux. Pendant près de six heures, ce mercredi après-midi, Céline Ducournau et Nicolas Barret se sont relayés pour tenir en haleine leur public
Escroqueries, abus de biens sociaux, recel, blanchiment, fausse facture : ce n’est qu’au terme d’une démonstration argumentée, mais aride, que Nicolas Barret s’autorise à dire la messe. Dans sa conclusion, le procureur fustige « la transformation [du Front national] en véritable machine à cash », le « cynisme froid et calculateur » des prévenus, motivés par « l’appât du gain », leur absence de « remise en question ». Il les accuse de s’abriter derrière « la faute des autres », les « psychorigides », les « incapables », « les commissaires aux comptes qui auraient dû alerter, la presse, les banques qui ne veulent pas prêter ». Et s’inquiète de faits « particulièrement graves et préoccupants » de la part de dirigeants de sociétés et de responsables politiques : une « systématisation du détournement d’argent public » (lire l’épisode 1, « La justice emmerde le Front national »). Le lyrisme affleure alors. « Entendez-vous les grondements de la société ? Des justiciables, des électeurs, des habitants, qui cherchent du sens et de la cohérence, du lien social ? Le rôle des partis politiques est de travailler le collectif et l’intérêt général. »

Contre le Front national, le ministère public réclame 500 000 euros d’amende. Il demande dix mois de prison avec sursis contre son représentant légal, Wallerand de Saint-Just, ainsi que deux ans d’inéligibilité et l’interdiction d’exercer ses fonctions de trésorier pendant cinq ans.
Il réclame aussi la dissolution du microparti Jeanne, « simple vecteur de fraude ». Contre son secrétaire général, Jean-François Jalkh, « impliqué dans la conception du système », le parquet requiert deux ans de prison avec sursis, cinq ans d’inéligibilité et 50 000 euros d’amende. Agacé par