De Six-Fours-les-Plages (Var)
À 19 h 30, à la soirée FN de Six-Fours-les-Plages (Var), ça sent le pâté. Pour de vrai : on prépare les toasts pour l’apéro. La soirée se passe dans un resto planté en zone artisanale, l’Alisson – il y a une paella prévue le 13 mai, n’oubliez pas de vous inscrire. À 19 h 50, deux militants se prennent en photo avec le drapeau « Marine présidente ». Mais à 20 heures, cela paraît moins évident. Ambiance tendue. Ouf ! Un « ouais ! » et de brefs applaudissements se font entendre quand BFMTV annonce Marine Le Pen qualifiée pour le second tour. Comme un soulagement. Pas de grosse effusion : le boulet est passé pas loin. Un peu de déception, même. Les militants ne le disent pas, mais ils s’espéraient plus haut, dans cette région Paca où ils ont leurs aises. Pas de chenille ni de Macarena le slip sur la tête donc, mais au moins, quelques bonnes nouvelles : François Fillon se plante et Michel Reynaud, secrétaire départemental adjoint du FN, s’en délecte. « Adieu Les Républicains ! Fillon, il est ridicule ! La risée. Il a persisté, voilà le résultat. Il va devoir se justifier. » Pareil pour Hamon : « À 6 %, vous vous rendez compte ? Voilà où en sont les deux partis soi-disant de gouvernement… Quelle honte ! »
Mais pour le FN, la route vers la victoire au second tour semble bouchée. Un ouvrier du bâtiment, ancien parachutiste qui a adhéré au Front national voici deux mois, est déçu : « J’espérais plus. Maintenant, pendant deux semaines, on va être des pestiférés. » Le secrétaire départemental, Frédéric Boccaletti, qui a mis une cravate rouge, se sent quand même soulagé : « À la fin, certains sondages ne nous disaient pas présents au second tour. Donc, être qualifiés, c’est déjà très bien. » Et pour Michel Reynaud, 57 ans, ancien commando de marine à la retraite et ex-UMP passé au Front national en 2009, « 22 %, vous vous rendez compte combien ça représente de millions d’électeurs ? » Et Le Pen gagne quatre points par rapport à 2012.
Voici David Rachline, son directeur de campagne et voisin – il est maire de Fréjus – qui apparaît à la télé. Il annonce une « formidable dynamique » pour les deux semaines à venir. Mais quelle dynamique ? Pour Paule, commerciale, pas encartée, ça paraît plié : « Les quinze prochains jours, ça va être pire pour Marine que les trois derniers mois pour Fillon. Ça va être Hitler et Mussolini ensemble. » Paule, déçue du score de la droite, ne voit pas comment redresser la barre. Elle ne s’étonne guère :