Les jambes lourdes ? Le remède : l’amputation. Schlack, un grand coup de sabre, on coupe une guibole et voilà la fusion TF1-M6 se retrouvant plus légère en parts de marché publicitaire, et dans les clous de l’Autorité de la concurrence. Selon nos informations, dans son rapport d’instruction envoyé fin juillet aux fiancés, l’Autorité préconise rien moins que de couper une des deux jambes sur lesquelles s’appuie la fusion, soit la jambe M6, soit la jambe TF1, c’est-à-dire la vente d’une chaîne de taille significative. Et ce, afin de ne pas créer un ogre français qui ferait, plus encore qu’aujourd’hui, sa loi sur la publicité et les programmes. Et on comprend mieux le ton saumâtre qu’affichait Nicolas de Tavernost, patron de M6, artisan de la fusion et futur grand manitou de l’ogre éventuel (lire l’épisode 1, « TF1-M6, mon incroyable fiancé »), lorsqu’il a annoncé, fin juillet, qu’il y avait un problème avec l’Autorité de la concurrence. Renoncer à quelques chaînes périphériques, pourquoi pas ; mais à l’une des deux meilleures gagneuses, jamais. D’autant que c’est M6 qui est particulièrement dans le viseur : quitte à couper une jambe, autant choisir la plus petite des deux. Son doux rêve de la fusion des deux groupes privés où coexisteraient les deux chaînes stars au côté d’une des plus grosses radios de France, RTL, est-il en train de prendre un sérieux coup derrière les oreilles ?
Le 26 juillet dernier, c’est lui qui, à la toute fin de la présentation des résultats financiers du groupe M6, en deux minutes, indique qu’il y a un os : « Le rapport d’instruction soulève des problèmes de concurrence significatifs, notamment sur le marché de la publicité télévisuelle. La nature et l’étendue des remèdes requis dans ce rapport d’instruction feraient perdre toute pertinence au projet et dans ce cas-là, les parties abandonneraient le projet. » Mot pour mot le communiqué officiel envoyé dans les minutes qui suivent par Bouygues et sa filiale TF1, identique aussi à celui de RTL Group, proprio de M6.