Telles des vagues se succédant les unes aux autres sur un océan d’huile, elles sont apparues, profondes, épaisses : une, deux, trois, quatre… Dans le clip de campagne, on a compté jusqu’à huit rides s’échouant sur la grève de l’auguste front pour se perdre dans la racine des cheveux (déjà gris – les soucis, que voulez-vous), portées par le brusque mouvement du sourcil gauche qui soudain s’est arqué, le signe indiscutable que houla, gaffe, Emmanuel Macron part en roue libre. Et en l’occurrence, en roue arrière sur l’autoroute déserte qui l’emmène tout droit vers un second mandat à l’Élysée. Voilà une semaine que le président de la République est candidat – officiellement du moins, parce qu’on s’en doutait bien depuis cinq ans (ressenti : trente-cinq). Et voilà une semaine qu’il a étrenné sa campagne en laquelle BFMTV voit une « stratégie de l’édredon », menée, écrit Le Monde, par un « Président “liquide” ». Wow. Comme il était hors de question que Les Jours soient tenus à l’écart de cette débauche sémantique, nous irons plus loin encore : Emmanuel Macron ou la campagne du blob. Oui, oui, le blob, la bestiole cheloue, vous allez voir, c’est saisissant.
Rappelez-vous, c’était il y a même pas trois semaines, on regardait d’un œil bovino-ferroviaire passer les trains de la campagne, il y avait les deux d’extrême droite alimentés au carburant xénophobe, celui de la droite victime d’une erreur d’aiguillage et les petits wagons isolés de la gauche, peinant salement dans les montées.