Avertissement : cet article a été écrit dans les volutes de fumée de nos naseaux. Une fumée noire de colère puisque ce jeudi, Les Jours se sont vu refuser l’accréditation de Simon Lambert, notre directeur photo et aussi photographe pour la conférence de presse d’Emmanuel Macron. Seule une vingtaine de photojournalistes a pu ainsi couvrir la présentation du programme du président sortant. Ce qui signifie que l’équipe d’Emmanuel Macron a choisi, trié les photojournalistes admis : inacceptable. Les « raisons de sécurité » invoquées ne tiennent pas la route une seule seconde. Le photojournalisme est un journalisme à part entière, les photographes de presse ne sont pas des illustrateurs d’articles juste bons à être cantonnés sur des praticables – comme c’était le cas ce jeudi – pour faire des images autorisées du candidat. Le récit de presse se fait à plusieurs mains, plusieurs regards, aucun n’est supérieur à l’autre, c’est au cœur de la création des Jours qui ont choisi de mettre en exergue la politique de l’image. Mais il faut croire que politique de l’image et image de la politique ne font pas bon ménage chez les communicants d’Emmanuel Macron. La pratique n’est hélas pas nouvelle – les télés ont ainsi renoncé de longue date à filmer les meetings dont les images de propagande (puisqu’il faut dire le mot) sont aimablement fournies aux chaînes info – et vient clore un quinquennat marqué par un verrouillage de plus en plus intense et des relations de plus en plus tendues avec les journalistes envers lesquels Emmanuel Macron entretient une défiance continue et tenace, Les Jours vous l’ont raconté ici. Il ne s’agit pas là d’un enjeu corporatiste, mais de celui du droit que vous avez vous, lectrices, lecteurs, à être bien informés. D’où les images aveugles qui illustrent cet article : nous aurions pu en acheter auprès des photographes présents, mais c’était céder. Et on ne cède pas.
Plaidant la difficulté de trouver une salle assez grande aussi vite – la conférence de presse n’a été convoquée que trois jours plus tôt –, l’attachée de presse de la campagne d’Emmanuel Macron, Victoria Kiener, nous l’a promis : « On fera mieux la prochaine fois. » Ce qui, de fait, ferait un bien meilleur slogan de campagne pour le second mandat d’Emmanuel Macron que cet « Avec vous » qui veut tout dire et surtout pas grand-chose.
Et c’est ainsi que, grommelant, vos serviteurs se retrouvent dans ce lieu léchant par le nord le périphérique parisien, une vaste zone faite de maousses entrepôts, d’anciens magasins généraux du XIXe siècle destinés à approvisionner la capitale.