Il y a un homme couché dans une poubelle, il vocifère et tend le poing. Il y a un groupe compact fait de gardes du corps qui avancent en tortue au milieu des tentes de fortune, sur un sol jonché d’ordures, protégeant deux individus : l’un tient un micro, c’est Jean-Marc Morandini ; l’autre est candidat à l’élection présidentielle, c’est Éric Zemmour. Dans les sondages, il est monté jusqu’à la troisième place, il dégringole désormais. Il fallait faire un coup, un sale coup : ce sera une visite du campement des crackés de la porte de la Villette, à Paris. Il fallait un complice : ce sera Jean-Marc Morandini en direct sur CNews pour servir la soupe du candidat d’extrême droite. Emmanuel Macron a Le candidat, son spot de campagne hebdomadaire, Éric Zemmour a CNews.
« Édition spéciale, Morandini Live, racole le bandeau de CNews, Crack : Morandini Live suit Éric Zemmour porte de la Villette. » Une heure dix. Une heure et dix minutes durant, vendredi matin, la chaîne de Vincent Bolloré s’est encore une fois offerte à celui qu’elle a fait candidat. Il y a urgence, son champion s’écroule dans les enquêtes d’opinion et dès ce lundi entre en vigueur la règle de l’égalité qui contraint les chaînes à accorder strictement le même temps de parole aux candidats et ce, aux mêmes tranches horaires.