Ils se précipitent dans le bus, hilares. Rendez-vous avait été donné à 8 h 30 devant la cabane construite de bric et de broc en bordure du rond-point de Voreppe, dans la plaine de l’Isère, occupé depuis plus d’un mois par les gilets jaunes et squatté par Les Jours. Ils sont à cette heure-là une trentaine et filtrent déjà les véhicules à côté d’un gros feu de palettes. Ils seront près de 70 en milieu de journée ici, tandis qu’au niveau national, le mouvement a semblé marquer le pas, avec deux fois moins de manifestants (35 000 contre 77 000 le samedi précédent selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, et 157 interpellations contre plus d’un millier). Là aussi, les klaxons sont moins nombreux qu’il y a deux semaines, mais des conducteurs ont encore derrière leur pare-brise le carré fluo plié. Certains baissent la vitre, donnent un sourire, un mot d’encouragement, les autres prennent leur mal en patience avant de pouvoir redémarrer.
Un Flexibus vert s’arrête, le chauffeur ouvre sa porte et une poignée de gilets jaunes s’engouffrent. C’est parti pour deux tours de rond-point en trompetant. « On a crié fort pendant le premier alors on a eu droit à un deuxième gratos, comme au manège ! », s’esclaffe un homme en descendant. La farce à bord du car Macron donne le ton de cet « acte V » au rond-point de Voreppe : autant en rigoler.