Dès ce mardi, premier jour d’examen en séance de la proposition de loi anticasseurs par l’Assemblée nationale, il a donné le ton. Solennel, dramatique, raide comme un syndicaliste policier après un caillassage. « Nous avons choisi de défendre les millions de Français qui n’en peuvent plus, plutôt que quelques milliers de brutes », a asséné Christophe Castaner. Qui se risquerait à prendre le parti des brutes ? Pour défendre cette « loi de protection », cette « loi de liberté » contestée jusque dans son propre camp, le ministre de l’Intérieur a mis le paquet. Martelant l’urgence et la nécessité de voter le texte, à l’heure où, « en marge de chaque manifestation, courageusement cachés derrière des masques, des petits groupes tentent leur Grand Soir ». De quoi réduire à des coquetteries déplacées les remarques de certains députés sur la précipitation et les amendements gouvernementaux déposés à la dernière minute – « C’est pas des manières de travailler ! », s’est ainsi exclamé le centriste Michel Zumkeller (UDI). En deux jours de débats animés, l’Assemblée nationale a adopté les principaux articles de la loi, qui devra de toute façon repasser par le Sénat (sans doute en mars) avant de lui revenir.
Dans une atmosphère parfois tendue, les forces d’opposition ont développé différentes stratégies pour braver le rouleau compresseur majoritaire. La ligne politique des Républicains était toute trouvée : la proposition de loi initiale étant issue de leurs rangs (très exactement du sénateur LR Bruno Retailleau), ils ont sans cesse réclamé un retour à la version initiale, trop édulcorée en chemin selon eux. Pendant ce temps, les quelques députés La République en marche (LREM) dissidents au nom des libertés publiques – Paula Forteza, Aurélien Taché, Sacha Houlié, Delphine Bagarry – se sont concentrés en vain sur l’ajout de garanties. Tandis que La France insoumise, s’emparant du débat des dernières semaines autour des violences policières, demandait la suppression de chaque article et enjoignait au gouvernement de réformer le maintien de l’ordre, en vue d’une « désescalade ».

À mesure que Danièle Obono, Ugo Bernalicis et Clémentine Autain déplaçaient le débat vers la dangerosité des armes de la police, ce mercredi soir, le ton est monté. Le groupe Insoumis réclame notamment l’interdiction des