Les convictions, c’est bien, mais quand il y a de la publicité et de l’argent à se faire, le monde de la « civic tech » n’est pas le dernier à s’asseoir dessus. On l’a vu avec Cap Collectif, l’entreprise derrière le site du grand débat (lire l’épisode 29, « Le trouble architecte de la plateforme du grand débat »). On va vous raconter maintenant les épisodes peu glorieux qui ont amené Bluenove, réputée pour son logiciel Assembl permettant de mener en ligne des consultations à grande échelle, à devenir la deuxième société du secteur – derrière Cap Collectif, donc –, et à être missionnée par le gouvernement pour analyser les contributions des Français (aux côtés d’autres prestataires). Comme dans le cas de sa concurrente, c’est une contradiction flagrante qui nous a convaincu de plonger dans cette histoire. En janvier, Antoine Brachet, le directeur « intelligence collective » de Bluenove, a signé une pétition avec des gilets jaunes mettant en cause la « crédibilité » du grand débat, au nom de son manque de « transparence » et parce que le gouvernement ne s’était pas engagé « sur le débouché concret des propositions qui émerger[aient] ». Or, qui, lundi dernier, présentait la restitution du grand débat au Grand Palais, à Paris (lire l’épisode 36, « Le petit débit du grand débat »), sans une once de critique ? Le même Antoine Brachet, accompagné du coprésident de Bluenove, Frank Escoubès. Vous avez dit cohérence idéologique ? Un raté de plus dans un grand débat qui les accumule, comme en témoignent les dernières révélations des Jours sur la restitution largement incomplète puisque la moitié des contributions libres n’ont pas été étudiées.
![Frank Escoubès](/ressources/image/ep38-bluenove-img-header.jpeg)