Poltava, envoyé spécial
Course de samedi matin comme une autre pour Mykola le taxi. De légères chutes de neige et un trajet tranquille depuis le centre-ville de Poltava, capitale de la région du même nom, dans l’est de l’Ukraine. Lieu d’arrivée : une banlieue industrielle silencieuse et un cimetière municipal bordé d’usines décrépites. Au bout d’une route bardée de nids-de-poule et entourée de pins, Mykola se gare devant l’« allée des héros », le carré militaire du cimetière, et récupère Sanya et Leonid, venus se recueillir sur la tombe d’un camarade de classe qui, il y a quelques mois, a sauté sur une mine à 350 kilomètres vers l’est, quelque part vers Bakhmout. Les deux amis, pas tout à fait sobres, sont lâchés un peu plus loin, dans une banlieue résidentielle.
Le téléphone accroché au tableau de bord résonne, une proposition de course un peu trop lointaine que Mykola refuse. Mais le chauffeur de taxi