Envoyé spécial à Przemyśl (Pologne) et Lviv (Ukraine)
Depuis le 24 février et l’invasion de l’armée russe, la gare de Przemysl, ville proche de la frontière ukrainienne, vit une nouvelle page de son histoire. Elle s’ouvre sur un chassé-croisé de volontaires polonais et étrangers qui s’affairent à porter assistance aux nombreux réfugiés ukrainiens s’extirpant des quais bondés. Une voix résonne dans le hall principal aux couleurs pastel. C’est Artur, un volontaire polonais de 25 ans, qui brandit un porte-voix : « Vous avez des plateaux-repas à votre disposition, puis vous pourrez vous diriger vers les bus pour Cracovie. » Le bénévole de la Croix-Rouge est présent tous les jours depuis le début de la crise des réfugiés qui, dans ses premiers jours, a été marquée par une discrimination à la frontière envers les personnes originaires d’Afrique subsaharienne et du Maghreb. Artur confirme qu’une sélection est bel et bien organisée par les autorités polonaises : « Depuis plusieurs jours, on ne voit plus d’Africains arriver à la gare, ils sont généralement arrêtés à la frontière. » Dans le tumulte de la gare, chacun s’active. Les volontaires fournissent des repas, des couches pour les bébés, certains apportent une assistance aux personnes âgées. « Mis à part des jeunes de 15 ans ou des vieux messieurs, il n’y a pas d’hommes, indique Artur. S’il y a des hommes, la police les arrête, que ce soient des Ukrainiens ou des Africains. »
Selon un post publié sur Facebook par Iryna Vereshchuk, la vice-Première ministre ukrainienne, ils seraient 2 046 étudiants étrangers bloqués à Soumy, Tchernihiv, Marioupol et Kherson, atteste-t-elle, sans faire mention des étrangers arrêtés à la frontière polonaise.