Envoyé spécial en Ukraine
À 150 kilomètres des combats de Mykolaïv, dernière grande ville du Sud de l’Ukraine avant Odessa, la région de Bilhorod-Dnistrovskyï est une vaste plaine fertile. Entre les champs qui s’étalent à perte de vue et à l’orée de petits villages qui semblent ancrés dans l’ère postsoviétique, les militaires ukrainiens contrôlent scrupuleusement l’accès des voitures qui les traversent. Les panneaux de signalisation ont été retirés pour perturber l’orientation d’une hypothétique incursion russe. La tension est palpable, et les agriculteurs de la région sont devenus un des remparts à la guerre qui a débuté le 24 février. Un programme intitulé « Patriotisme économique » a été annoncé dès le 22 février par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky : « Les entreprises doivent protéger notre économie, nos finances et créer des emplois. Nous devons renforcer le pays ensemble, chacun sur son propre front. » Surnommée « le grenier de l’Europe », l’Ukraine exporte habituellement autour de 30 millions de tonnes de blé par an. 25 % de cette production est destinée au marché national, les 75 % restants sont vendus principalement à la Chine et au Moyen-Orient pour l’alimentation des animaux.
Le long d’un canal de la région d’Odessa qui, l’été, irrigue les cultures, un groupe d’hommes s’est réuni sur un chemin de terre. Autour d’eux, le blond des blés et le ciel bleu rappellent les couleurs du drapeau ukrainien.