C’était un vendredi soir froid et pluvieux, le 9 avril, dans une grise banlieue sud confinée de Paris, un moment a priori assez peu idyllique. Rabah Meniker, un éboueur algérien de 39 ans, s’en souviendra pourtant à jamais comme un instant d’extase. Il a regardé à travers les vitres de la voiture les rues de Fleury-Mérogis (Essonne), les enseignes, les espaces verts. Il a dit un peu bêtement au chauffeur et à l’autre passager : « C’est beau. » Rabah Meniker sortait de prison avec ses avocats, Xavier Courteille et Clément Testard. Ils venaient, quelques heures plus tôt, d’obtenir son acquittement par la cour d’assises spéciale de Paris de l’accusation de « participation à une association de malfaiteurs terroriste criminelle », après quatre ans de cellule. Le parquet antiterroriste, qui avait requis quatre ans d’emprisonnement contre lui (une peine qui aurait donc permis de valider son séjour en prison), n’a pas fait appel. Rabah était innocent. Il est rentré chez lui en Belgique reprendre le fil de son existence. Dans sa vie d’avant, il était éboueur par intérim, faisait un peu les marchés. C’était avant que la justice antiterroriste et la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ne lui tombent dessus.
Pour son malheur en effet, il a connu en Belgique Reda Kriket, un Français arrêté le 23 mars 2016 à Boulogne-Billancourt et chez qui la police a retrouvé dans la foulée cinq Kalachnikov, un pistolet-mitrailleur, sept armes de poing et des composants d’explosifs, notamment.