«Écoutez ! Écoutez, vous tous, cette clameur qui monte de nos rangs. Ce son n’a pas de nom, comme le bruit du vent dans les feuilles, comme celui de la pluie sur le pavé. Ce son n’a pas de nom mais il est un signal : celui de la force du peuple quand il surgit dans son histoire ! » C’était il y a un mois. Le 18 mars dernier, Jean-Luc Mélenchon se faisait lyrique et grandiloquent place de la République, à Paris. Le leader de la France insoumise, qui débutait alors sa remontada sondagière, était heureux : il avait réussi à réunir autour de lui des dizaines de milliers de personnes (130 000, selon les organisateurs), d’abord pour marcher de Bastille à République, puis pour l’écouter pendant une heure parler d’un thème a priori assez éloigné de leur vie de tous les jours : l’instauration d’une VIe République.
Certes, ce jour-là, personne n’a assisté à un cours de droit constitutionnel. Mélenchon a cité quelques articles de la Constitution, s’en est pris à « la monarchie présidentielle » actuelle qui donne des pouvoirs énormes au chef de l’État et, sans rentrer dans les détails, il a plaidé pour ajouter deux grands principes dans la future loi suprême. D’une part, qu’elle soit plus sociale et rende « intouchable la trame fondamentale de l’ordre public social républicain » ; d’autre part, qu’elle établisse le « droit à l’avortement » des femmes et le « droit au suicide assisté » pour tous.