Alors non, il ne lui a pas demandé de voter pour son marché préféré – car Jean-Pierre Pernaut organise en son JT depuis des semaines un concours, « Votre plus beau marché ». Mais oui, il l’a relégué lui aussi, comme chaque information, quelle que soit son importance, après « les prévisions météo d’Évelyne Dhéliat » qui ouvrent systématiquement son journal. Et nous n’avions aucune inquiétude pour ce qui est des questions que Jean-Pierre Pernaut allait poser à Emmanuel Macron lors de cet inédit entretien en direct de l’école de Berd’huis, dans l’Orne : ce mercredi, TF1 les avait transmises à l’Élysée.
Nous sommes allés à la ligne le temps que vous ramassiez votre mâchoire tombée à la lecture de cette info. Mais point de cri d’orfraie déontologique : c’est au vu de tous et dans le JT de 13 heures de ce mercredi que les questions ont été transmises. « Je poserai au Président les questions que vous vous posez », a clamé, bonhomme, Jean-Pierre Pernaut, héraut du bon peuple du 13 heures de TF1, avant d’énumérer « les grèves, les impôts, les retraites bien sûr, les villages qui souffrent, les hôpitaux aussi, l’économie qui va un peu mieux ou bien les 80 km/heure ». De bien beaux thèmes et autant d’obsessions pernautiennes, si on peut se permettre. « Sans oublier plein de choses », a enchaîné le toujours précis Jean-Pierre. Lesquelles ? Eh bien, c’était l’objet du reportage qui a suivi, sis à Clermont-l’Hérault, pas Clermont-Ferrand malheureux – bien trop urbain –, où une journaliste est allée porter la plume dans la plaie. En l’espèce, interroger le passant quant aux questions à poser au président de la République. Fascinant sujet entrecoupé de plans sur une ardoise d’écolier où est inscrit à la craie le thème à aborder : « Retraites », « Pouvoir d’achat », « 80 km/h »… « Ben voilà, c’est la plupart des questions que j’envisageais de lui poser », a conclu Jean-Pierre, ravi de ne pas avoir à trop bosser son interview basée, on l’aura compris, sur la vox populi.
La vox populi, ou, en tout cas, celle du peuple de Jean-Pierre Pernaut, ce peuple (à peu près la moitié des téléspectateurs présents devant leur poste à cet horaire-là) qui rentre déjeuner à la maison à midi, et qui est, selon les statistiques, à la retraite, populaire et vit dans une commune rurale. C’est ça, la sociologie du 13 heures de Jean-Pierre Pernaut et c’est précisément auprès de ce public-là qu’Emmanuel Macron décroche dans les sondages.