Le dur, le mou, le confortable, le douillet, le ferme… Le titre était prémonitoire : « In bed with Emmanuel Macron », cette série où nous observons les rapports entre le président de la République et les médias, est en fait un gigantesque crash-test de matelas journalistico-élyséens. Ce qui, pour un président réputé ne dormir que quelques heures par nuit, est un peu paradoxal, certes. Mais justement, autant bien choisir sa couche. Et, si ce n’est quelques régulières micro-siestes dans Quotidien voire Touche pas à mon poste où il aime faire des apparitions, Emmanuel Macron a, en presque un an de mandat, testé seulement quatre types de literie, depuis la traditionnelle, étrennée en octobre dernier sur TF1, à celle au confort ultraferme de dimanche soir qui a viré en bataille de polochons avec Edwy Plenel et Jean-Jacques Bourdin.
Longtemps, on a bien cru qu’il ne se couchait vraiment jamais, le maître des horloges, ou en l’occurrence des réveille-matin, et que jamais il ne donnerait d’interview télévisée. C’était le Macron première période, préférant s’exprimer – et encore au compte-gouttes – dans la presse écrite, plus facilement contrôlable – du moins quand on peut relire avant parution. C’est le Macron des grandes mises en scène médiatiques : le Président-Soleil à Versailles, avec Donald (Trump) dans un Paris transformé en Disneyland républicain pour le 14 Juillet.
C’est le Macron des Facebook live de l’Élysée faisant la nique aux chaînes info avec leurs images exclusives. Le Macron qui s’étale en majesté dans Paris Match, clichés flagorneurs de Bestimage à l’appui, cette agence qui a un contrat d’exclusivité « moral » avec le couple Macron. Le Macron toujours flanqué de sa photographe officielle Soazig de La Moissonnière, tireuse de portraits louangeurs. Le Macron qui cadenasse, verrouille sa com, contrôle au maximum son image en faisant un usage immodéré du pool, ce dispositif consistant à ne donner accès à un événement qu’à une poignée de rédacteurs/photographes/caméras qui mettront ensuite leur travail à disposition de leurs confrères journalistes.
Bon, il a mis du temps à se faire à l’idée de coucher avec les télés, Emmanuel Macron, mais il s’y est fait. Prudent, il a commencé avec un matelas traditionnel : bon maintien, tout confort, pas de surprise. C’était sa toute première interview, pour laquelle il a tout de même attendu la mi-octobre 2017, et une sacrée chute de popularité.