Depuis dimanche et jusqu’à samedi prochain, Emmanuel Macron est embarqué dans une « itinérance mémorielle » entre commémoration du centenaire de l’armistice et rencontre avec les Français (lire l’épisode 23, « Itinérance d’un Président rincé »). Dans sa suite, une caravane de journalistes et, parmi eux, quelques taupes des Jours pour raconter ce very presidential trip. Bien sûr, dans cette fausse lettre d’un poilu, tout est vrai.
Ma petite femme chérie,
C’est l’âme et le cœur meurtris que je t’écris ce matin. Nous venons de livrer une rude bataille. Elle restera dans les livres d’histoire du journalisme comme « la bataille des Ardennes ». C’est à Charleville-Mézières que se sont livré les combats, devant la préfecture où s’est tenu ensuite le Conseil des ministres, délocalisé ici-même à l’occasion de l’« itinérance mémorielle » d’Emmanuel Macron. Le président de la République s’est fait déposer à une centaine de mètres de la préfecture pour la rejoindre à pied au milieu de la foule et ça a été l’émeute. « Vous êtes un escroc ! », lui a lancé un homme. « Macron démission ! », ai-je entendu vociférer. La hausse des carburants, toujours. Il fallait voir les journalistes télé se précipiter pour tendre leur micro, leur caméra et réussir à avoir l’image, celle qui allait ensuite tourner en boucle toute la journée, jusqu’à ce qu’une nouvelle vienne la remplacer : une émeute, te dis-je.

Et puis voilà qu’une conférence de presse improvisée se forme d’un coup, à dix mètres de la préfecture, avec tout le gouvernement attendant derrière en rang d’oignons. Un gars d’Europe 1 pose une question et là, le Président décide de répondre, c’était sur Pétain, à qui un hommage sera rendu samedi. Toujours la même histoire du vainqueur de Verdun et du salaud de 40… Soudain, tous les journalistes s’agglutinent et c’est une nouvelle émeute. C’est bien simple, j’ai rien entendu de ce que disait Macron, à part « la vie politique comme l’humaine nature sont plus complexes que ce qu’on veut bien croire ». Ça m’a rappelé la réflexion attribuée à Godard : « L’objectivité à la télévision, c’est cinq minutes pour les Juifs et cinq minutes pour Hitler. »
Mais, ma petite femme chérie, je ne voudrais pas avoir l’air de faire mon malheureux. Dans les tranchées de l’itinérance, je ne suis pas le plus à plaindre. J’ai parlé avec un confrère du service cinématographique des armées, mais je ne peux pas te dire si c’était BFMTV, CNews, LCI ou une autre : raisons de sécurité.