Pauvre, pauvre Notre-Dame. Ce n’est pas sa semaine : à peine la cathédrale s’était-elle fait incendier la charpente et guillotiner la flèche, lundi soir, qu’elle était aussitôt bombardée porte-parole de l’Élysée. Porte-parole, ou dircom, la place est vacante. Porte-parole ? On minimise : c’est un cap, c’est une cause, c’est un projet humain, passionnément français. Oups, nous avons oublié les guillemets à cette dernière expression tout droit sortie de la bouche en (enfant de) chœur du président de la République, Emmanuel Macron. On l’avait vu en bras de chemise frapper l’air du poing au but d’Antoine Griezmann lors de la finale de la Coupe du monde de football en 2018, puis jouant les coaches dans les vestiaires pour faire de cette victoire un emblème de la France (lire l’épisode 19, « Macron dans le sens du je »). Voilà que, désormais, Emmanuel Macron a vu la vierge.
Au soir du 15 juillet 2018, le Président haranguait ainsi les joueurs : « Vous allez être un exemple pour des tas de jeunes […], vous ne serez plus jamais les mêmes, et cet exemple, vous allez me le porter. » Las, trois jours après, Alexandre Benalla venait caramboler l’exemplarité footballistique supposée porter toute la nation et la com présidentielle surtout. Cette fois, le choc est frontal : lundi, à 18 h 51, une étincelle embrase Notre-Dame et c’est l’ultra-attendue réponse d’Emmanuel Macron à six mois d’une des plus violentes crises sociales du pays qui part en torche. Mais là, donc, il voit la vierge.