Ça fait 21 jours que George Floyd a arrêté de respirer et la colère n’a pas attendu Emmanuel Macron pour devenir mondiale. Ça fait 21 jours que George Floyd a arrêté de respirer et, pour la première fois, ce dimanche à 20 heures face caméra, le président de la République va prendre la parole pour s’exprimer. Sur le bilan de la situation sanitaire, mais aussi sur le racisme et les violences policières, enfin, normalement. Ça fait 21 jours que George Floyd a arrêté de respirer et Emmanuel Macron a enfin trouvé un trou dans son agenda pour parler. Ça fait 21 jours qu’il n’a rien dit à ce sujet, mais le silence présidentiel n’était que de façade, entrelardé de déclarations rapportées dans la presse, de propos chuchotés aux médias, de paroles « off » lors de déjeuners à l’Élysée avec des éditorialistes. Même sur un sujet aussi grave, essentiel, urgent que celui du racisme, le président de la République se sert des journalistes comme de haut-parleurs chargés de porter sa parole sans daigner la prendre lui-même, sinon après un si long et incompréhensible mutisme.
Pourtant, les copains, eux, n’ont pas attendu. On a vu, le 2 juin, les 21 secondes de silence du Premier ministre canadien Justin Trudeau invité à réagir à la mort de George Floyd. Les 21 secondes en disaient aussi long que les mots prononcés ensuite, où Trudeau a reconnu une « discrimination systémique » envers les Canadiens noirs. On a vu, le 4 juin, la chancelière allemande Angela Merkel parler du