Le lundi 25 mai à Minneapolis, vers 20 h 08, George Floyd, homme noir, a été interpellé par la police locale puis menotté car soupçonné d’avoir acheté des cigarettes à l’aide d’un billet de 20 dollars contrefait. À 21 h 25, George Floyd est déclaré mort, tué par la manœuvre d’immobilisation du policier blanc Derek Chauvin, qui appuie son genou sur son cou pendant 8 minutes et 46 secondes, malgré les cris de détresse de George Floyd (« I can’t breathe », « Je ne peux pas respirer »). La scène, filmée par l’un des nombreux témoins, l’est également par les caméras de surveillance des magasins et les caméras corporelles des policiers eux-mêmes.
La mort de George Floyd a, depuis lors, déclenché une crise locale puis nationale majeure. Elle a entraîné Minneapolis et les États-Unis dans dix jours ininterrompus de manifestations pacifiques réclamant justice et de révoltes urbaines localisées dans les quartiers centraux de presque toutes les grandes métropoles américaines. Ces soulèvements ont conduit les gouverneurs de 32 États (sur 50) à mobiliser la Garde nationale, cette réserve opérationnelle de l’armée fédérale à disposition des États, comme le président Donald Trump lui-même l’a fait pour Washington.
L’accélération des protestations pacifiques et des violences urbaines à partir de ce drame seul peut surprendre mais elle ne le doit pas parce que, précisément, la mort de George Floyd n’est pas un fait isolé. À Minneapolis même, trois Afro-Américains sont morts entre 2015 et 2018 lors d’interpellations policières : Jamar Clark en 2015, Philando Castile en 2016 et Thurman Blevins en 2018. Ces trois décès avaient déjà meurtri la ville, entraînant manifestations et heurts, d’autant que les policiers ont été soit acquittés, soit non poursuivis.
La question des violences policières contre les Noirs a vite surgi dans le cas de George Floyd, à cause du passif chargé de l’officier de police incriminé, Derek Chauvin. Il a déjà fait l’objet de dix-sept enquêtes internes du département de police de Minneapolis pour faute et n’a été réprimandé qu’une seule fois. Cela explique pourquoi il a été, comme ses trois partenaires de patrouille qui ne sont pas intervenus pendant l’interpellation de George Floyd, licencié dans les 24 heures et, comparativement à beaucoup d’autres cas similaires, assez vite mis en accusation pour homicide involontaire bientôt requalifié en meurtre. Mais