Valentine sort de son immeuble parisien, escabeau sur l’épaule et valise en main. Elle enfourche son vélo direction le quartier de Belleville, l’emplacement choisi pour sa nouvelle création. Masque sur la bouche, lunettes sur les yeux et bonnet sur le crâne, la trentenaire déballe ses bombes de peinture multicolores sur le bitume. Deux ans qu’elle recouvre les murs de la capitale des mêmes grands oiseaux colorés, près de l’école et du lieu de vie de sa fille. « Pour qu’elle voie que je pense à elle et que je continue à me battre à ma façon. » En 2021, Valentine a perdu la garde de Julia, 6 ans aujourd’hui, placée chez son père. Elle n’a désormais le droit de voir sa fille qu’un week-end sur deux. Un an avant ce jugement, elle a pourtant porté plainte contre ce père dont Julia dit qu’elle lui « suce le néné », d’où « un liquide sort ». Quatre ans plus tard, Valentine attend toujours qu’on nomme un juge d’instruction dans son dossier : l’enquête pénale n’a pas commencé. Et la garde n’a jamais été modifiée. Le placement de Julia va à l’encontre de la nouvelle loi modifiant l’exercice de l’autorité parentale en cas de violences intrafamiliales : selon le texte adopté mi-mars, les droits de visite et d’hébergement d’un parent poursuivi pour inceste doivent être suspendus jusqu’à la fin des procédures.
« Illégales, injustes, arbitraires » : Valentine n’a pas d’autres mots pour qualifier les « violences institutionnelles » qu’elle dénonce.