Cet après-midi-là, un écrivain public de Belsunce, quartier populaire du centre de Marseille, avait rameuté la population. Un café algérien était plein pour accueillir Patrick Mennucci, député PS de la circonscription, menacé par l’arrivée de son ex-ami Jean-Luc Mélenchon. Au premier tour de la présidentielle, le leader de La France insoumise a approché 57 % dans le bureau du quartier, alors Mennucci cravache, arpente le terrain (lire l’épisode 2, « Mélenchon se pointe, Mennucci tire »), essaie de convaincre, à l’ancienne. Dans le café, les Algériens, de nationalité ou d’origine, sont venus l’écouter détailler son action pour ce qui concerne les relations franco-algériennes.
Belsunce reste très orientale, même si de nombreuses boutiques asiatiques ont reconverti depuis une petite dizaine d’années les magasins arabes. Ici, avant les élections, les candidats ne loupent jamais les fêtes culturelles et cultuelles. Ils essaient de s’assurer les votes de chaque communauté. Mais alors que le ramadan débute cette fin de semaine, qu’il va changer le rythme de vie et celui de la campagne dans ce centre-ville très populaire, existe-t-il vraiment un vote communautaire à Marseille ?
Dans la petite salle du bistrot, l’auditoire est très attentif. Quelques femmes, beaucoup d’hommes. Patrick Mennucci explique qu’il a « placé la relation franco-algérienne au cœur de [son] action de député ». Qu’il a fait améliorer l’accueil dans les consulats, assouplir et rendre moins coûteux l’accès à la nationalité française. Il insiste sur la mémoire. Le « caractère sanglant » de la colonisation, la « mise en coupe réglée » de l’Algérie au profit de la métropole. Il revient sur les massacres du 8 mai 1945. Pour lui, la France « ne sera forte en Algérie que si elle reconnaît son histoire ». Dans la salle, beaucoup hochent la tête en silence.
Le député parle ensuite économie. Il veut aider les entreprises françaises à trouver des marchés en Algérie, et les groupements d’entreprises algériennes, « qui disposent en ce moment de liquidités », à investir en France. Il parle aussi du voile. Dit que tant qu’on ne l’oblige pas à le porter, ça ne l’« embête pas » que d’autres le fassent. Idem pour le burkini. Face à lui, certaines femmes sont voilées, d’autres non.