L’article 3 de la charte du monitorat du Centre Billings France est plutôt clair : « Le foyer moniteur témoigne d’un amour véritable pour l’enfant, quel qu’il soit. Il considère toute grossesse, même inattendue, comme une vraie joie et jamais comme une catastrophe. » L’article 7, lui, est limpide : « Le foyer moniteur rejette toute mentalité contraceptive, et jamais ne propose aucun moyen de contraception. Il s’oppose à l’avortement et la stérilisation. »
Le « foyer moniteur » est un couple qui en forme d’autres à la méthode Billings, une technique de régulation des naissances venue d’Australie basée sur l’étude de la glaire cervicale et l’abstinence périodique. En France, les pionniers de cette pratique promue par l’Église catholique sont Marie Philippe et René Sentis, les propriétaires du site de désinformation ivg.net (lire l’épisode 1, « Sur Facebook, 150 000 euros pour dézinguer l’IVG »). Le Centre Billings France (CBF), fondé par leurs soins en 1981, compte aujourd’hui 160 foyers moniteurs et se targue de former 1 500 couples par an. Leurs dirigeants actuels ne nous ont pas répondu mais les Philippe-Sentis, eux, nous assurent n’avoir plus rien à faire avec ce milieu, réservé aux ménages en âge de procréer.
Pourtant, loin d’être une passion annexe ou passée, la méthode Billings dans son acception la plus pure et la plus dure est la matrice idéologique du combat que nos forcenés anti-IVG mènent depuis toujours contre l’avortement. Et si les deux septuagénaires disent qu’ils ne voient pas le rapport, eh bien pas de chance : Les Jours ont déniché des documents disparus du site du CBF lors de sa refonte l’an passé, comme la charte précitée, qui prouvent au contraire la porosité entre nombre d’adeptes de cette méthode et la lutte contre l’IVG, tout particulièrement au sein d’ivg.net, le navire amiral de leur entreprise familiale de désinformation.
Première étape : 1960-1970, lorsqu’un couple de médecins australiens, John et Evelyn Billings, met au point une technique de planification naturelle fondée sur l’observation des périodes d’ovulation. Le couple, marié of course, doit contrôler quotidiennement la consistance de la glaire présente dans le col de l’utérus de l’épouse, laquelle varie de collante à filante. Objectif ? Trouver la fenêtre d’opportunité pour avoir un rapport sexuel sans risque de naissance ou, au contraire, avec le plus de chances possibles de transformer l’essai en marmot. Et le reste du temps, on s’abstient.