Dans « Y a embrouille » : sociologie des rivalités de quartier (Stock, 2023), Marwan Mohammed dissèque ce que médias et politiques nomment les « rixes », mais que le sociologue préfère appeler « embrouilles ». Le chargé de recherche au CNRS, référence en la matière, définit ce phénomène comme un écosystème régi par ses propres règles, mâtiné de contraintes, de violences, d’échecs scolaires. Pour Les Jours, il revient sur ce phénomène qui endeuille et verrouille les quartiers de France, bien plus complexe qu’un discours de Gabriel Attal (lire l’épisode 1, « En Essonne, la jeunesse court les rixes »).
Pourquoi parler d’« embrouilles » plutôt que de « rixes » ?
La notion de « rixe » est utilisée dès qu’il y a une bagarre collective dans l’espace public, quelle qu’elle soit, et renvoie au fait divers et à une forme de violence ponctuelle. Je lui préfère l’expression d’« embrouille de quartier » car c’est un phénomène territorialisé, avec un ancrage local et un système de relations sociales. Les embrouilles ont une histoire, elles ont leurs acteurs, leurs normes, leur public. C’est tout cet écosystème que ce mot permet d’appréhender. Et puis l’embrouille représente la conflictualité mais aussi ce qui est flou, obscur. Le motif de ces conflits est totalement embrouillé en tant que tel.
Quel est le profil des jeunes qui y participent ?
Il y en a deux. Pour le comprendre, il faut avoir en tête l’écosystème de l’embrouille.